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Carnet de campagne de Cochinchine de Jean François Lacour (Carnet 1)

Expédition de l’Indo-Chine 1857 - 1858 - 1859

dimanche 12 avril 2009

J.F. Lacour Campagne de Cochin-chine 1er carnet qui relate son long périple en bateau pour rejoindre Saigon

Les femmes se cachent à notre vue et les Chinois poursuivent de leur cris celle que la curiosité fait sortir de chez elles. On assure qu’un décret de l’empereur condamne à la mort, celles qui seraient surprise avec un barbare. Les faubourgs sont fort étendus plus commerçants est plus peuplés que la ville. La surpopulation et 5 à 6 fois plus fortes, c’est-à-dire de 180 à 200 000 âmes. Les habitants semblent doux et craintifs : les magasins sont en grande partie vidés et fermés parce qu’on craignait le pillage, mais on n’a touché à rien et l’amiral maintient ici l’ordre le plus parfait. Le dimanche 29 nous partons en grande pompe, pour aller signer la paix à une campagne située hors de la ville. Nous longeons le fleuve, traversons le faubourg du sud, au milieu d’un peuple nombreux et après une assez longue course à travers champs, l’armée française ou au moins ses représentants arrivent au Jamonn ( ?). Dans un appartement assez sale, nous trouvons les plénipotentiaires chinois, reconnaissable au bouton rose qui surmontent leurs chapeaux et au fauteuil qu’ils occupent tous deux en costume plus que simple, et entourés de conseillers aussi peu décorés qu’eux, ont l’air de se moquer de nous qui sommes en grande tenue. Les chevaux ils nous ont envoyé, ont l’air d’une pitoyable plaisanterie, ils sont sales, déguenillés et mourant de faim. Je goûte à peu près de tout ce que contiennent les tables placées dans la salle, on prend du thé, du vin de riz, de l’eau-de-vie d’it ( ?), plus une infinité de produits culinaires, peu ou point connus, mais qui me paraissent détestables. À 8 h du soir, on se remet en route et à l’entrée de la ville on allume les torches que nous avons fabriquées dans la journée. La marche de notre petite colonne circulant à pareille heure musique en tête dans les ruelles de Tinsing, formait un coup d’œil étrange que les Chinois n’oublieront pas de longtemps. La campagne est fertile et bien cultivée ; cependant les routes effondrées, les ponts pourris ou ruinés, les tours défensives s’écroulant d’elles-mêmes, témoignent un état de décadence de l’empire ou une négligence difficile à concevoir, à si peu de distance de Pékin.

Le 9 juillet nous apprenons que des désordres se commettent à canton et comme l’empereur de Chine n’a pas l’air de l’exécuter franchement l’ordre est expédié les eaux quatre compagnies qui se trouvent campées à l’embouchure du Peho, de rejoindre Tin-sing. Mais le 4 le traité revient de Pékin avec la ratification en règle et nous recevons l’ordre de nous tenir prêts à réembarquer.

Je commençais à me faire à la vie paisible de Tin-sing et je crois que les hommes ne seraient pas fâchés d’y rester encore un peu. Nous avons quelques maladies légères et des dérangements qui tiennent certainement à l’abus des fruits et de la glace tout autant qu’au changement de régime et de climat.

Les Chinois ont tué de pauvres diables qui servaient les soldats pour gagner un peu de biscuits et quelques [ ]. Cela n’a pas empêché dix autres malheureux de venir le lendemain nous offrir leurs services. La monnaie ordinaire ici donne la mesure de la misère des habitants et surtout des gens du peuple. Le sapee est une monnaie de broure (bronze ?) percé au centre de trou carré où les argiles par paquets d’un quart de piastres et le cours varie de 800 à 1200 pour une piastre.


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