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Carnet de campagne de Cochinchine de Jean François Lacour (Carnet 1)

Expédition de l’Indo-Chine 1857 - 1858 - 1859

dimanche 12 avril 2009

J.F. Lacour Campagne de Cochin-chine 1er carnet qui relate son long périple en bateau pour rejoindre Saigon

Le 9 juillet la frégate Némésis sur laquelle nous sommes embarqués par remorquer par le Phlégéton. La traversée se fait avec un temps magnifique jusqu’à la rivière de Voosung où on mouille.

Le Phlégéton remonta jusqu’à Shanghai peu de jours après, je profite de l’occasion pour visiter cette ville une des plus curieuses de la Chine. Nous mouillons en Rivière au milieu d’un nombre considérable de bâtiments, anglais, américains et hollandais. Les français sont rares.

La ville européenne située sur les bords de la rivière, est d’un bel aspect, les rues sont larges, propres et bien percées, mais les hôtels français sont rares et nous allons nous loger, chez des anglais ou américaines tenant une gargote infâmes. Les draps sont changés le dimanche et comme nous sommes au jeudi, les lits qu’on nous offre n’ont rien d’attrayant, enfin le soi-disant hôtel manque de tout.

La bière et la glace nous consolent un peu et après un repas des plus médiocres nous allons visiter la ville et courir les magasins chinois de la ville européenne et des quartiers commerçants. Nous admirons surtout les meubles remarquables des ébénistes du pays.

En arrière de la ville ouverte est la ville chinoise proprement dite. Je tenais à la visiter et à reconnaître le théâtre de la lutte inégale et malheureuse soutenue par nos prédécesseurs de la Jeanne-d’Arc. La ville est entourée de murailles flanquées de Tours. Les portes basses et tortueuses sont dans des bastions arrondis au milieu des tours. Les rues intérieures, sales, étroites et infectes, serpentent à l’aventure et il est fort difficile de juger du chemin que l’on suit. Après une assez longue promenade, où les officiers qui prétendent connaître la ville, discutent à chaque coin de rue sur la direction à suivre, nous arrivons à la place aux thés, la merveille de l’endroit. On ne peut en effet se faire une idée de l’aspect bizarre et original que présente cette partie de la ville. Une île couverte d’habitations pittoresques, de grottes, de jardinets, de fontaines, reliées au reste de la place par des ponts en zigzag. Des rochers bâtis de mains d’hommes, avec les pierres retirées du lac qui baigne leurs pieds, tout l’attirail enfin du pittoresque chinois, un paysage fantastique comme ce qu’on trouve sur les tapisseries ou les porcelaines, une foule de marchands et de bateleurs, une foule bariolée à laquelle se mêlent des curieux de toutes les nations, concourent à donner à la place aux thés un aspect féerique et saisissant d’originalité.


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